jeudi 10 avril 2008

Chanson qui fait réfléchir...

Ce midi je me demandais bien ce que je pourrais manger... Embarque dans ma voiture, direction centre-ville! Oui, y a un centre-ville à Victo... Premier restaurant qui me tente j'arrête pis je prend de quoi à manger, c'est ça le plan. Comme à l'habitude j'écoute la musique dans ma voiture. Aujourd'hui je met un disque des Cowboys Fringants et voilà que le chanson «Ti-cul» débute. En écoutant les paroles ça fait «Hmmm! Comme c'est dont bien réaliste!»

Recommence la chanson...

La chanson raconte en gros l'histoire de «Ti-Cul» un jeune du CÉGEP. Ses parents ont de grandes ambitions pour lui qui ne sont pas celle qui désire. Tout le monde tente de lui mettre des embûches et le décourager dans son choix de carrière.

Comme ça ressemble drôlement à mon histoire... Vous vouliez me connaître un peu plus? Et bien voici mes débuts dans le monde du transport...

Je suis sorti du secondaire en Juin 2003, diplôme en main. Après un été, disons, mémorable, je fît mon entrée au CÉGEP en hiver 2004. Je commença une session en «Accueil et intégration» qui consiste à suivre les cours de base (Français, Philo, Anglais, Éducation physique, etc). En Automne 2004 je joignais le CÉGEP François-Xavier Garneau en Arts et Lettres profil Cinéma. Oui vous avez bien lu. J'ai étudié en cinéma. Spécial hen?

À la fin de la session j'ai délaissé le CÉGEP. Démotivé au plus haut point, m'étant rendu compte que finalement le CÉGEP n'était tout simplement pas fait pour moi ou du moins que j'ignorais ce que je désirais absolument faire. Je continuais d'occuper mon emploi au IGA Bellevue de Victoriaville. N'étant plus aux études, ayant tout de même un appartement à payer, je commença donc à travailler à temps plein de nuit comme commis d'épicerie. J'occupais déjà ses fonctions depuis un bon moment (près d'un an en réalité) et comme j'étais pratiquement le plus vieux en ancienneté et le plus expérimenté par le fait même certaines tâches me furent confiées. Ainsi donc je commençais à opéré le chariot élévateur et par le fait même géré l'entrepôt. J'assistais le Gérant et son assistant dans leur tâche et les remplaçait lors de leurs absences. Viens également le jour où je commença à m'occuper de la réception des marchandises. C'est ici que tout à commencé.

En tant que «receiver» j'avais donc le loisir de parler avec les chauffeurs. Je m'informais de leur travail, les conditions, les horaires, etc... Bon ok ont parlait aussi du Canadien et de tout et de rien... Je décida donc de faire l'examen d'apprenti-conducteur Classe 1 à la SAAQ. J'avais alors 20 mois d'expérience en conduite classe 5 (véhicule de promenade) et il en fallait 36 pour obtenir sa classe 1. Néanmoins je pouvais obtenir mon permis d'apprenti et passer l'examen pour ma Classe 3 (camions porteurs) 4 mois plus tard. J'ai obtenu mon permis après 2 tentatives pour la section des freins pneumatiques. Je continua mon emploi au IGA pendant encore quelques mois jusqu'à ce que l'offre qui changea ma vie se présenta.

À la fin du mois de Mars 2005, la personne qui s'occupait des livraisons de la Boulangerie St-Méthode m'annonça qu'il quittait son emploi. Sachant que je m'intéressais à ce domaine il m'offrit de me référé à son patron. Vous comprendrez que l'excitation s'est emparé de moi. Après avoir rencontré le responsable des livreurs j'obtiens cet emploi et je commençais à la mi-avril. Je tomba «autonome» après 2 semaines de formations. Les horaires étaient assez extravagant pour un petit nouveau. Me levait à 23:30, mettait mon ordinateur à jour pendant que je prenais ma douche, visionna mes bons de commandes et mes messages de la journée. Par la suite je faisais l'inspection de mon camion, un Econoline 450 version «Cube», me dirigeait vers la remorque qui servait d'entrepôt. Chargeait mes produits dans le camion, vérifiait l'inventaire puis prenait la direction de mes différents clients. Ma journée se terminait en général vers 13:30, enfin le retour à la maison. Je devais une fois de plus refaire l'inventaire des produits qui me restait et confirmer mes commandes à recevoir dans 48 heures. De belles grosses journées!

Arriva ce qui devait arriver. Début juin mes patrons m'annonçait mon congédiement, sans aucun pré-avis. Je ne dévoilerai pas de la façon que cela c'est produit, ni ce qui s'est passé la semaine avant. Disons simplement que je n'ai pas vu venir le coup (indice: Je me suis acheté une voiture neuve la semaine précédente et l'agence de crédit les avaient contacté à savoir si mon emploi était garanti, chose qui fût promis...).

Première fois de ma vie que j'avais accès au chômage (et croyez moi, j'en étais pas fier), je décida néanmoins que le temps était venu de quitter définitivement le nid familial et rejoindre mon appartement de Québec. Après tout, c'était un nouveau départ qui s'offrait à moi et je croyais les opportunités d'emploi plus grande dans la grande ville de Québec que ma petite ville de Victoriaville. Comme j'étais stupide... Bon il faut dire que à l'époque j'avais 19 ans et que je tentais à tout prix de me trouver un emploi dans le transport, que ce soit la messagerie, le remorquage ou peu importe. Finalement c'est chez Garda que j'obtiens un emploi. Agent de sécurité. C'est pas tout à fait du camionnage mais j'espérais pouvoir faire du transport de valeur dans un avenir rapproché et c'est le pourquoi je les avais contacté. J'ai passé près de 2 ans dans cette entreprise à faire de la sécurité de façon occasionnelle puisque j'étais sur appel. Je tentais de survivre du mieux que je pouvais.

Une opportunité s'ouvra en septembre 2005 chez Remorquage Larouche que j'avais contacté au mois de Juin. Ont m'offrit un poste sur le remorquage et de répartiteur au besoin. Bref, un peu un homme à tout faire. J'accepta et j'étais à nouveau excité par cette nouvelle aventure. Après une formation de 2 semaines ont m'offrit de piètres excuses et ont me demanda de revenir la semaine d'après car il n'y avait pas assez d'ouvrage. Je me doutais bien que l'ont cherchait simplement à me dire que mes services n'étaient plus requis. J'y retourna tout de même la semaine d'après afin de montrer ma motivation et ma détermination. La phrase fatale arriva. «Tes services ne sont plus requis» et ont oubliait même le chèque de paye pour les semaines de formations...

Ont continue donc l'emploi chez Garda, enfin bref quand y en avait de l'emploi...

Le 6 mars 2006 je rentrais au Centre de Formation en Transport de Charlesbourg (CFTC) afin de débuter un Diplôme d'Études Professionnelles (DEP) en transport par camions lourds. L'expérience fût mémorable. À ceux que ça pourrait intéresser j'ai réaliser un montage à la fin de notre cours que j'ai présenté à la classe lors de la dernière journée; après tout, fallait bien qu'il serve à quelque chose ce cours en Cinéma! Je fit mon stage dans une agence de chauffeur de Québec, Manucam. J'accepta également l'emploi qu'il m'ont offert à la fin de mon stage.

Chez Manucam j'ai eu la chance d'essayer plusieurs compagnies de la région de Québec et par le fait même plusieurs «types» de transport. J'ai débuté sur le local à livré dans les épiceries IGA et autres bannières affiliés (Bonichoix, Marchés Traditions, etc). J'ai par la suite effectué des «switchs» entre Québec et Montréal pour le compte de Transport Morneau, Transport Idéal et Distrimax (aujourd'hui fermé). J'ai également faite du transport régional (comme le Saguenay-Lac-St-Jean, Charlevoix, Estrie, Mauricie) toujours au compte de Morneau et Idéal et parfois Sobey's (IGA). Puis vint ma chance sur le Québec-Toronto pour Transport Idéal.

Je quittais Manucam au début de Mars 2007 pour la compagnie Transnat Express. Je partais faire du US. Transnat fût une expérience mémorable. J'ai adoré cette compagnie. J'ai eu la chance de parcourir la majeure partie du territoire américain et l'Est du Canada (Maritimes) pour eux. J'ai effectué tout près de 200 000 kilomètres en 1 an et les histoires de routes s'accumule. Bien sûr, il y a eu des hauts et des bas mais plus souvent des hauts. J'ai eu la chance de faire du drybox et du flatbed. Malgré tout ces bonnes expériences et le fait que j'adorais cette compagnie je décidai de les quitter à la fin du mois de mars 2008.

C'est alors que mon aventure chez TransWest débuta. Vous pouvez lire les récits qui se dérouleront dans ma nouvelle aventure sur ce blog.

Voilà pour mon parcours sur curriculum vitae... Maintenant voici les dessous...

Lorsque j'annonçais à noël à ma famille que je quittais le CÉGEP pour faire un DEP en conduite de camions lourds et ainsi devenir chauffeur de camion les réactions furent partagés. D'abord mes parents. L'annonce les surpris quelque peu. Il voyait que le CÉGEP n'était pas fait pour moi mais croyait que je finirai par «me brancher». Pour eux si chauffer des camions était ce que je désirai absolument il n'avait qu'à approuver mon choix et être heureux pour moi. La réaction fût tout autre du côté de la famille de mon père.

D'abord ma grand-mère. Lorsque je lui annonça mes intentions ce fût d'abord la consternation, la déception totale.

«Voyons dont! T'es bien trop intelligent pour ça!»
«Les camionneurs c'est toute des brutes!»
«C'est pas fait pour toi!»
«Tu fais la pire erreur de ta vie!»
«Tu vaut bien mieux que ça!»

Et j'en passe... Je vous rappel que c'est pendant le souper de noël... Disons que je finis de souper et quitta ensuite la fête pour revenir chez mes parents. Si je ne m'attendais pas à des applaudissements chaleureux disons que certaines paroles m'ont énormément blessées. De dire que les camionneurs sont des abrutis et des brutes ne sont que des préjugés. Vous seriez étonné de voir combien de camionneur ont complétés des études universitaires. Je ne fais que prendre en exemple Fred, répartiteur de soir chez Transport Idéal et également chauffeur pour la compagnie. Il à complété des études en enseignement en langues. Aeterna, donc vous pouvez lire son blog, à complété des études en architecture. Lors d'un sondage sur le forum de Truckstop Québec, certains ont admis avoir complété des études en Sciences politiques, comptabilité, anthropologie, philosophie, etc...

Avant que quelqu'un décide d'assassiner ma grand-mère, je vous assure qu'elle s'est excusée par la suite, disant que ses propos avaient dépassé sa pensée. Elle m'écriva une lettre où elle s'excusait profondément et me donnait son soutien dans cette nouvelle aventure. Aujourd'hui elle est très fière de son petit-fils. Lors d'un de mes switchs Québec-Montréal j'avais arrêter souper à Ste-Julie au restaurant avec ma tante et ma grand-mère... évidemment en camion! Elle était tellement fière lorsqu'elle ma vue passé qu'elle était debout dans le restaurant et criait «C'est mon petit-fils! C'est Boubou!». L'image de son visage émerveillé lorsqu'elle me regarda repartir après le souper au volant de mon mastodonte restera à jamais graver dans ma mémoire. Si il y a quelques années elle à dit ses propos aujourd'hui ils sont très différents. Elle est excessivement fière de mon parcours qu'elle sait très difficile. Et elle est encore plus fière d'en parler à ses amis lorsqu'elle leur raconte que cette semaine je suis dans tel coin du continent.

Sur environ 3 ans dans l'industrie du camionnage (si je part de l'époque où j'ai débuté pour la boulangerie St-Méthode) je dirais que seulement depuis 1 an je réussi à bien m'en sortir, tant financièrement que professionnellement. Débuté dans cette jungle, car c'est une jungle, à l'âge de 18 ans n'est pas la chose la plus facile. D'abord obtenir la confiance des employeurs. Je ne compte plus le nombre de portes qui se sont fermé lorsque je donnais mon CV...

«Quel âge que ta?»
«19 ans...»
«POUHAHAHAHAHA 19 ans! tu veux chauffer des trucks? MOUHAHAHAHAHA arrête de me faire perdre mon temps»

Même avec un DEP en transport les portes ne s'ouvraient pas plus facilement. Manucam fût la seule qui accepta de me donner une chance et j'ai présenté mon CV à cet endroit à 3 reprises. J'avais 20 ans.

À 21 ans, un DEP et environ 1 an d'expérience (parce que les compagnies ne compte que l'expérience acquise avec un permis Classe 1), les portes ne se sont pas ouvertes du premier coup non plus lorsque je débuta par chercher une place pour faire du US. La première compagnie que j'approcha fût CAT, à Coteau-du-Lac près de Valleyfield. Après avoir rencontrer leur recruteur durant un après-midi de janvier, ont me donna quelques papiers à remplir et me demanda de rappeler vers la mi-février, 2 semaines avant mes 21 ans. Je n'avais pas officiellement une promesse d'embauche mais disons que l'affaire était presque dans le sac, s'agissait d'attendre encore quelques semaines. À la mi-février je les re-contactait... pour me faire annoncer que la compagnie venait tout juste de changer leur politique d'embauche à 25 ans. Le recruteur était excessivement déçu et m'avoua qu'il avait bien essayer de convaincre ses patrons de m'embaucher puisqu'il m'avait rencontré avant le changement de politique mais ce ne fût pas possible. Une fois de plus mon âge me fermait une porte. Je contacta alors Challenger Motor Freight à Dorval. Cette fois je remplissais la condition d'âge mais étant donné que j'avais déjà débuté dans le transport il préférait attendre que j'ai 1 an complet d'expérience. Ils n'engageait que des gens fraîchement sorti du CFTC/CFTR afin de les former «à leur image» ou qui avait de l'expérience. Une autre porte qui se fermait. Je contactais Robert Transport. Aucun retour d'appel, encore une fois probablement dû à mon manque d'expérience. Finalement j'obtiens une entrevue chez Transnat Express et ont m'embaucha après quelques formalités.

Pendant près de 3 ans j'ai surmonter toutes sortes d'embûches, ont tenta de me décourager à plusieurs reprises. Ont profita de mon inexpérience et de mon jeune âge pour me faire travailler à rabais (Je précises, pas chez Transnat j'ai toujours été très bien traité!). Tout ce temps je persévérai afin d'accumuler l'expérience et me faire un nom. Je ne cessais de me dire «À 25 ans, je vais avoir 5 ans d'expériences. À 30 ans, 10 ans d'expériences». J'étais tellement passionné par mon métier que je trouvais la force de continuer jour après jour même si parfois je sacrais et rageait intérieurement... et extérieurement!

C'est le parallèle que je fais avec cette chanson...

Mais Ti-Cul est pas un con
Y cé ben que pour être heureux
Faut vivre pour ses convictions
et non pour celle de ces vieux

Pourquoi chercher un sens
à toutes leur connerie
Ti-Cul va tenter ta chance
et faire ton ch'min dans la vie

Finalement j'ai manger du St-Hubert... Donc maintenant vous savez 2 choses sur moi. Ce midi j'ai manger du poulet et j'ai étudié en cinéma...

Vidéoclip de la chanson «Ti-Cul» des Cowboys Fringants
Paroles de la chanson

1 commentaire:

Grand Manitou a dit…

Encore un autre beau récit.

Et tu me fais réaliser que c'est un peu mon histoire d'une certaine façon. Je n'avais jamais réalisé à l'écoute de la chanson, que j'adore, mais voilà, ça me ressemble!

Et il est désolant que voir que le commun des mortels n'a pas beaucoup de respect pour les camionneurs ni en personne, ni sur la route. En plus, dans la plupart des cas, ils ne réalisent même pas l'importance de notre travail!