samedi 4 octobre 2008

Flashback: Vision d'horreur

Quart de nuit. Je faisais ma ronde dans les «murs». Rien d'anormal, les détenus sont tous dans leurs cellules, les couloirs sont tranquilles.

Je continu ma ronde, balayant du regard le moindre geste suspect. J'approchai lentement l'escalier qui relié aux étages supérieurs. Et c'est là que je vis un corps étendu par terre, une marre de sang commençant à se répandre autour de ce qui semblait être la tête de l'individu. Je m'empressais de voir qui c'était, était ce un détenu ou un agent qui avait été attaqué?

Je pris ma radio et lança l'alarme comme quoi que je venais de trouver un détenu inconscient. Rapidement mon officier arriva avec des agents supplémentaires.

Officier: «Qu'est-ce qui se passe!?»
Boubou: «C'est Claude (nom fictif), le prévenu qui subit son procès demain. Je viens de le trouver inconscient, y ont sacré une méchante volée...»

Ont l'entendait gémir, enfin quand il reprenait une «semi-conscience» parce qu'il ne bougeait pas fort.

Officier: «Sacrament, y aurait été aussi ben de le tuer calvâsse»

Claude (nom fictif) devait subir son procès pour le viol de ses enfants commis plusieurs années auparavant. Claude avait la soixantaine passé, il mesurait moins de 5'2'' et ne faisait guère plus de 150 lbs. Un homme tout petit, tout frêle, qui venait de subir la correction du «Pen». Ont dit que les «murs» ne pardonnent jamais les crimes fait contre les enfants, les femmes. Que ce soit la torture, le viol, le violence physique. Du moment qu'il s'agit d'un enfant ou d'une femme, vous y goûtez, un jour ou l'autre.

Claude avait été rué de coups de pieds partout sur le corps. Il avait d'abord «déboulé» les escaliers pour se ramasser à l'étage inférieur. C'est là qu'ils l'avaient rués de coups partout mais absolument partout sur le corps, aucunes parties, aucuns «recoins» n'avaient été négligés. Ceci incluait plus fortement la région «masculine». Et ils avaient terminé avec le classique, ils l'avaient enculé avec un objet quelquonque mais assez profondément pour qu'il «sache» c'est quoi. Je dis «Ils» puisqu'il était évident qu'ils avaient été plusieurs à orchestrer le coup, s'assurer que les agents ne soient pas dans les parages, détournés «l'attention» des caméras qui surveillent. Le tout avait été fait justement dans un coin plus reculé, plus «discret», moins patrouillé et surtout moins couvert par les caméras.

Il y avait un «hic». Claude devait être en protection constante, comme les autres pédophiles, violeurs et «batteurs de femmes» tant que son procès n'était pas terminé. C'est des questions que je me posais mais en même temps mon attention était dirigé vers cet homme, qui agonissait devant moi, ne demandait probablement qu'à mourrir. Imaginer la douleur d'avoir toutes les côtes fracturées, des echymoses gigantesques, la gueule en sang ou dumoins ce qu'il en reste.

Je tentais de faire de mon mieux, attendant l'arrivée de l'infirmier qui tardait. La «population» savait évidemment ce qui s'était produit et la rumeur se propageait et se confirmait rapidement de cellule en cellule. Des sifflements, des applaudisement, des cris jaillissaient de partout. «BEN FAIT GROS CHIEN SALE!» «CRÈVE OSTI D'ENCULÉ DE PD»

Les agents autours de moi tentait tant bien que mal de les calmer, faisant claquer leur bâtons sur les murs ou les grilles à proxmités.

Mais dans le fond, tous au fond de nous même nous avions un sourire en coin avec un air satisfait du type «Ben fait criss...» même si nous nous devions de rester profesionnel et suivre notre code de déontologie à la lettre, ce n'était pas à nous de juger ces crimes.

Et moi, étendu au sol à ses côtés tentant tant bien que mal de prodiguer les premiers soins. Mais c'était peine perdu, je ne pouvais rien faire excepté d'espérer que malgré tout qu'il s'en sorte, afin qu'il soit jugé.

Mais la justice des murs venait de parler... Il ne connaîtra jamais son procès et il agonnisera plusieurs semaines plus tard de ses blessures, dans de terribles douleurs. Ils auront eu raison de lui.

Et moi, je resterait avec cette vision d'horreur pour le reste de mes jours puisque je n'ai jamais revu rien de si pire depuis. En rentrant le matin chez nous, le téléphone sonna. C'était une dame du CFTC qui m'annonçait la date du début de mes cours.

Une page venait de se tourner.

2 commentaires:

Asphalt Cowboy a dit…

bien fait pour un salaud de la sorte, mais tout de même j'aimerais savoir comment un prévenu en "protec" peut se ramasser seul dans le fond d'un couloir sans aucune surveillance? et comment plusieurs détenu ont pu sortir de leur cellule puis de leur "wing" sans être remarqué par personne? existerais-il une certaine corruption dans nos centre correctionnel? et si vous étiez dans les couloirs comments ça que les agents pouvais cogner sur les barreau, ce n'est pas des fenetres de plexiglass entre les wing et les couloir? mais tout de même la lois des murs rend une justice là où la justice elle-même ne la rend pas

Boubou a dit…

Par «cogner sur les barreaux» je voulais dire faire du bruit avec les batons. Monsier et Madame tout le monde s'imagine que c'est comme dans les films avec des portes grillagé alors que la plupart des prisons «modernes» sont avec des portes coulisantes bien que certaines ont encore les tradionnels grillage.

Oui, la question a été soulevé a savoir comment un «protect» pouvait etre avec la population régulière mais tu sais, les pédophiles, les violeurs et toute cette clique «mal-aimée» autant les détenus que certains agents désire les voir baigner dans une marre de sang. Je suis pas au courant de l'enquête et même si je l'étais je pourrais pas en parler. J'ai quitté «les murs» peu de temps après ne faisant que de la surveillance pour l'agence en milieu hospitalier et dans les postes de la SQ à temps partiel.